En matière de littérature, la France a fourni certains des plus grands auteurs universels. Mais cessons ce chauvinisme primaire pour nous focaliser sur les autres territoires de littérature, car chaque pays peut s’enorgueillir de détenir des pépites domestiques mal connues dans nos contrées ou moins connues pour de mauvaises raisons. Dix auteurs étrangers sont aujourd’hui à l’honneur pour un tour d’horizon palpitant, par-delà les âges et les sensibilités.
Bret Easton Ellis

Depuis son premier ouvrage Moins que zéro paru en 1986, l’auteur californien a creusé le sillon d’une littérature nihiliste avec de jeunes héros décadents perdus dans un univers consumériste américain qui les engloutit. La société de consommation ne permet pas de s’élever, la preuve. Si son œuvre American Psycho a tôt fait de le panthéoniser dès 1991, l’auteur continue d’écrire des romans au style fluide et mystérieux. Suites Impériales date déjà de 2010, à quand la suite ?
Mikhail Boulgakov

Décédé en 1940, l’auteur russe a livré au monde un des romans les plus abracadabrants de l’histoire de la littérature universelle, Le Maître et Marguerite. Paru en URSS en 1973, le roman subjugue sur son mélange de réel et de fantastique, avec un héros méphistophélique qui sait si bien séduire et manipuler les foules à Moscou dans les années 30. Cela ne vous rappelle personne ? Si on ajoute cette description de Jérusalem au 1er siècle sous l’ère de Ponce-Pilate, on obtient un roman à lire absolument.
Francis Scott Fitzgerald

Écrivain de l’âge d’or américain pendant les années 20, Fitzgerald semble avoir écrit toujours le même roman, celui d’un diplômé de Princeton qui aime à raconter sa vie en y adjoignant des éléments imaginaires. A l’origine de certains des plus grands romans du XXe siècle dont Gatsby le magnifique et Tendre est la nuit, l’auteur séduit aussi par son destin d’enfant gâté qui a jeté l’argent par les fenêtres et a fini scénariste à Hollywood, un métier qu’il détestait.
Hubert Selby Jr

Écrivain américain underground par excellence, Hubert Selby Jr semble écrire comme il parle. Sans respirer, sacrifiant la ponctuation à son rythme frénétique de paroles désespérées. Ses héros sont tous des outsiders que le rêve américain fait rêver jusqu’à presque sacrifier leurs propres vies. Les dénouements tragiques se succèdent dans Le Démon, Last Exit to Brooklyn ou Le Saule. Était-il cruel à cause de sa lucidité, ou lucide à cause de sa cruauté ?
John Fante

Son héros éternel Arturo Bandini est un pied nickelé qui se rêve écrivain à succès mais vivote dans des emplois minables. John Fante raconte sa vie dans le récit de son héros entre mythomanie et espoirs déçus, mais toujours avec tendresse. Les personnages de ses romans sont inéluctablement humains, donc faibles, pitoyables mais attachants. Lire du John Fante, c’est accepter de se sentir limité mais y trouver du réconfort.
Johann Wolfgang von Goethe

Goethe, c’est la star littéraire du XVIIIe siècle. L’auteur de certains des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature universelle. Si Faust ou Les souffrances du Jeune Werther sont immensément connus, à juste titre, on connait moins Les affinités électives ou Le roi des Aulnes, tout aussi recommandables. Le vénérable auteur germanique savait raconter les tourments de l’esprit humain comme peu d’entre nous, il ne faut donc pas hésiter à le redécouvrir.
Ernest Hemingway

Redevenu à la mode avec son récit d’exil parisien éthylique au temps de la prohibition (Paris est une fête), Ernest Hemingway semble avoir écrit comme il a vécu, avec ses tripes et avec passion. Le vieil homme et la mer bien sûr, Pour qui sonne le glas également. Il mit brutalement fin à ses jours quand il sentit que son heure était passée. Tant de lucidité ne peut que forcer le respect et la lecture de chacun de ses romans avive son souvenir.
Arthur Koestler

L’auteur hongrois Arthur Koestler a écrit les turpitudes du communisme comme peu d’autres de ses contemporains. Ses romans Le Zéro et l’infini et Croisade sans croix se lisent comme des documentaires à la précision diabolique sur les affres d’un système qui prétendait libérer l’être humain. L’auteur a passé sa vie sur les routes, échappant plusieurs fois à la mort, d’où son style sans fioritures et à la force peu commune.
Henry Miller

Il faut avoir lu la trilogie intitulée La Crucifixion en rose avec Sexus (1949), Plexus (1952) et Nexus (1959) fondée sur ses expériences à New York et à Paris pour comprendre ce qu’est une existence jusqu’au-boutiste. Son existence de dénuement à Paris interroge sur la capacité de l’être humain à se mettre en danger pour vivre tout simplement sa vie sans contrainte. Son œuvre est généralement considérée comme inclassable, plus proche de Rabelais que de ses contemporains, trop policés.
Alexandre Soljenitsyne

L’auteur russe a vécu et raconté le système des goulags avec une force évocatrice peu commune. L’Archipel du Goulag est un livre ardu mais nécessaire pour comprendre ce qui se cachait derrière le stalinisme, avec son peu d’intérêt pour l’être humain et son culte forcené de la personnalité. Documenté rageusement, le livre ouvre une lucarne prodigieuse sur une œuvre également constituée d’Une journée d’Ivan Denissovitch et du Pavillon des Cancéreux.