Discipline réservée aux aspirants bacheliers ou aux intellectuels germanopratins, la philosophie a longtemps souffert d’une image un peu étriquée. Mais ça, c’était avant. Plus ludique et accessible que jamais, la philo est désormais partout, des grands médias aux rayons best-seller des librairies. Pas étonnant de la voir s’épanouir pleinement dans la capitale où les lieux et rendez-vous philosophiques essaiment depuis quelques années. Petite sélection.
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Le café des Phares
InfosLieuLe café des Phares
7, place de la Bastille
75004 Paris
M° Bastille.
www.cafe-philo-des-phares.info
Tél. : 01 42 72 04 70.HorairesLe dimanche de 10 h 30 à 12 h 15.
Les petits Platons
Toujours dans l'optique de perpétuer la tradition du Quartier latin, la Ville de Paris continue de favoriser, financièrement parlant, l'installation de nouveaux espaces de pensée. L'un des derniers bénéficiaires de l'opération se nomme Les petits Platons, une jeune maison d'édition qui s'est donné pour objectif de rendre la philosophie abordable au plus grand nombre, avec comme cœur de cible les enfants, dès neuf ans.
Dans la ravissante boutique colorée et aérée installée à deux pas du Panthéon, on retrouve l'intégralité du catalogue de l'éditeur, soit pour l'instant une trentaine de beaux petits ouvrages qui retranscrivent à travers la fiction les pensées de grands philosophes, de Socrate à Descartes en passant par Kant, Rousseau, Einstein, Epicure, Marx ou Freud.
Remarquablement illustrés, ils constituent une initiation à la fois ludique et didactique au discours philosophique, à tel point que depuis la dernière rentrée scolaire, ils sont officiellement recommandés aux instituteurs dans le cadre des "nouveaux programmes d'enseignement moral et civique". A noter que pour compléter ce travail éditorial essentiel, l'équipe organise régulièrement des ateliers philo sur les planches du Théâtre de l'Odéon. On conseille aux petits comme aux grands de réserver d'ores et déjà le 23 janvier pour cogiter autour du Malin Génie de Monsieur Descartes et le 13 février pour voir Socrate sortir de l'ombre.
Inscriptions pour les ateliers philo sur www.theatre-odeon.eu ou au 01 44 85 40 40.
Les Mardis de la Philo
C'est en écoutant lors de dîners chez eux les mini-cours improvisés de leur ami Pierre Thuillier, philosophe et épistémologue à la Sorbonne, qu’Arnaud Saint-Paul et Florence de Lamaze, frère et sœur, eurent l'idée d'organiser des conférences ouvertes à tous il y a de cela presque vingt ans.
Au début, seule une cinquantaine de curieux s'y aventurait puis peu à peu, le bouche à oreille aidant, le programme rencontra un réel engouement (300 abonnés). Aujourd'hui, les conférences qui ont lieu tous les mardis dans une prestigieuse salle de l’Hôtel de l’Industrie, en plein cœur de Saint Germain-des-Prés, affichent très souvent complet. « L'idée de départ était de faire sortir la philosophie de l’université, ce qui était très précurseur à l'époque, rappelle Cécile du Verne, une fidèle auditrice qui a repris l'affaire en main en 2013. Je m’efforce de garder l'esprit originel, c'est à dire donner accès à un très large public en terme d'âge et de catégorie socioprofessionnelle aux grands penseurs, leur permettre de se forger leur propre opinion sur les choses et surtout partager le plaisir de penser ».
Hormis les conférences sur les textes fondateurs qui prennent la forme de cours traditionnels assurés par moult intervenants, dont quelques noms illustres (Marcel Gauchet ou l'omniprésent Raphaël Enthoven), les Mardis de la Philo proposent également des cycles sur des sujets plus contemporains comme, cette année, le cinéma et la ville, « un objet de pensée très récent pour le philosophe, précise Cécile du Verne. L'an prochain, on traitera de géopolitique et du retour du religieux. On a besoin de se renouveler car notre pari est d’accueillir sans cesse de nouveaux auditeurs néophytes tout en continuant à nourrir ceux qui viennent depuis quinze ans ». Une initiative salutaire qui, malgré une volonté de démocratisation, a tout de même un prix conséquent. Comptez 25 € pour une conférence découverte, 220 € pour un cycle de 6 assemblées et 550 € pour l'accès à l'intégralité des conférences.
La Maison d’Auguste Comte
La capitale regorge d'appartements où résidèrent bon nombre de grands écrivains et penseurs des siècles derniers. Si une majorité des lieux, signalés bien souvent par des plaques commémoratives, ne sont pas ouverts à la visite, d'autres ont été aménagés en petits musées atypiques dont on ignore la plupart du temps l’existence.
C’est le cas du musée Auguste Comte situé dans un immeuble discret du 6e. C’est au second étage que vécu le philosophe français jusqu’à sa mort en 1857, dans un appartement typique de l’époque romantique, depuis classé monument historique. Dans les cinq pièces visitables à la scénographie minimaliste, sont exposés le mobilier d’origine et quelques effets personnels du père du positivisme ainsi que des panneaux étayant sa carrière.
« A travers le musée et la bibliothèque, nous avons tenu à mettre en valeur la personnalité et la pensée d’Auguste Comte dont on estime qu'il a été un peu trop oublié au regard du rôle qu'il a joué dans l’histoire du pays, notamment sous la IIIe République où ses ouvrages ont eu une réelle influence sur Ferry, Clemenceau ou Gambetta », nous explique David Labreure, responsable du lieu. Le musée est donc d'abord un lieu de mémoire où sont données périodiquement des conférences et colloques sur le sujet. Chose surprenante : on y croise autant de Français que de... Brésiliens.
« On l'ignore souvent mais il y a la devise positiviste "Ordre et progrès" sur le drapeau brésilien, ajoute David Labreure. Là-bas, beaucoup plus qu'en France, sa philosophie reste très étudiée ». Une petite visite s'impose donc, notamment pour ceux dont la philosophie positive reste encore un mystère - et nous sommes nombreux dans ce cas !